Les ministères de la Santé et de l’Industrie ont conjointement annoncé une nouvelle stratégie pour réduire les pénuries de médicaments en France entre 2024 et 2027.
Ces dernières années, les pharmacies ont connu des pénuries croissantes, culminant à l’automne 2023. L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a signalé 4 925 cas de pénuries ou de tensions dans l’approvisionnement en 2023, contre 3 761 en 2022 et seulement 700 en 2018.La nouvelle feuille de route vise à renforcer toute la chaîne d’approvisionnement, du fabricant jusqu’à la pharmacie.
Elle inclut un accord « prix-volume » avec les industriels pour faciliter l’accès à des antibiotiques comme l’Amoxiciline. Quatre axes principaux ont été définis pour aborder le problème des pénuries.
Surveillance et détection améliorées
La première étape consiste à renforcer la surveillance pour détecter les signaux de pénurie plus tôt et déclencher des alertes plus rapidement. Cela permettra de prendre des mesures pour éviter des ruptures importantes.
Un deuxième axe repose sur des actions de santé publique à grande échelle. Des recommandations pour la prescription et la distribution de médicaments alternatifs aux produits en pénurie seront publiées, ainsi qu’une liste d’équivalences permettant aux pharmaciens de substituer des médicaments manquants sans l’intervention du prescripteur.
Transparence dans la chaîne d’approvisionnement
Le troisième point met l’accent sur la transparence dans la chaîne d’approvisionnement. Les laboratoires, grossistes et pharmaciens doivent travailler ensemble pour offrir plus de transparence aux patients.
Une charte de bonnes pratiques et d’éthique professionnelle a été signée par tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. L’ANSM a créé un tableau de bord en ligne pour informer le public des médicaments en rupture ou en tension, fournissant des données actualisées au jour le jour.
Pouvoirs renforcés pour l’ANSM
L’ANSM souvent appelée le « gendarme du médicament », a vu ses pouvoirs étendus dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024.
Elle peut désormais imposer des circuits de distribution spécifiques aux laboratoires et leur infliger des amendes en cas de non-conformité. L’Agence pourra également établir une liste de médicaments à vendre à l’unité, le temps que le marché retrouve une certaine stabilité.
Un Contexte international complexe
Le gouvernement justifie ces mesures par un contexte international difficile. La guerre en Ukraine, qui était un important producteur d’emballages, a contribué à la crise. De plus, la concurrence des laboratoires étrangers a poussé le gouvernement à adopter une politique protectionniste. L’annonce de la construction d’une usine de production de paracétamol à Toulouse d’ici 2025 illustre cette approche de souveraineté industrielle.
Le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, souligne que la France doit non seulement conserver la production de médicaments essentiels sur son territoire, mais aussi encourager la relocalisation des activités pharmaceutiques.
L’objectif est de réduire les tensions d’approvisionnement à l’échelle européenne et de renforcer la capacité de production sur le continent.